Les origines du centaure et sa mythologie
Une créature mi-homme, mi-cheval
« Un centaure était une créature de la mythologie grecque qui était mi-homme et mi-cheval. La tête, les bras et le torse étaient humains et attachés à la taille au corps et aux jambes d’un cheval. Ces créatures représentaient la barbarie et le chaos débridé et étaient souvent représentées dans la sculpture architecturale grecque et la décoration des poteries.
« Cependant, malgré leur réputation bestiale et lubrique, certains centaures ne sont pas dépeints de manière défavorable dans les mythes à moins qu’ils ne soient sous les effets du vin. Peut-être qu’ils sont alors dans ce cas là une métaphore de mise en garde contre les dangers auxquels nous sommes tous confrontés si nous oublions notre civilité et perdons le contrôle de nos facultés.
« Le père de la race des centaures était Centaure, lui-même descendant d’Ixion qui avait fait l’amour à Héra, ou plus précisément, à un nuage qui ressemblait à Héra créé par un Zeus jaloux. On croyait que les centaures vivaient dans les forêts de Thessalie, au-delà des lois de l’homme. Ces créatures mythiques ont peut-être eu une origine véridique, car il y avait en Thessalie une tradition de chasse des taureaux à cheval et le mot centaure aurait pu signifier à l’origine « tueur de taureaux ». Peut-être que les cavaliers de Thessalie étaient si habiles qu’ils semblaient ne faire qu’un avec leur cheval et ainsi serait né le mythe d’une seule créature.»
(Mark Cartwright, traduit par Babeth Étiève-Cartwright, sur Worldhistory.org.)
Pour Méliton de Sardes, auteur chrétien, Père de l’Église (sanctifié) avec lequel nous plongeons dans la seconde moitié du 2e siècle de notre ère, le centaure est l’image du Christ triomphant de ses ennemis.
Au 12e siècle, au moment de notre histoire. Le centaure au ciel, une constellation
Signe du Zodiaque et représentation chrétienne des travaux des mois : le Sagittaire
Rendons-nous à la Cathédrale de Chartres, au coeur de la France ancienne et construire de l’année 1194 à l’année 1230. Nous y retrouvons plusieurs représentations du Sagittaire, sculptée ou en vitrail, dans le cycle des travaux et des jours et sous les traits d’un centaure, dont ce magnifique détail d’une colonnette de la façade occidentale (portal royal, portail central, ébrasement de gauche). Le vitrail du zodiaque et des travaux des mois à Chartres, quant à lui, est un vitrail du déambulatoire sud de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, qui représente en parallèle les signes du zodiaque et les occupations agricoles des mois correspondants.

Le zodiaque et les travaux des mois (lancette gauche, baie 28a). Le Sagittaire est représenté sous les traits d’un centaure, un arc et des flèches à la main.
Illustration de la constellation du Centaure du côté de l’Islam

Constellation du Centaure. Manuscrit islamique du XIIIe siècle illustrant la constellation du Centaure, avec la constellation du Lupus (le Loup) également représentée. Référence et crédit. LIBRARY OF CONGRESS / SCIENCE PHOTO LIBRAR
Ce manuscrit islamique du XIIIe siècle illustre la constellation du Centaure et la constellation du Loup. Les étoiles sont marquées de cercles jaunes. Cette page manuscrite provient du « Suwar al-kawakib » (1417), une copie plus tardive d’un ouvrage communément appelé « Livre des étoiles fixes ». Cet ouvrage a été écrit vers 964 par l’astronome persan Abd al-Rahman al-Sufi (Xe siècle).
Illustration postérieures
Botticelli, en Italie au 15e siècle
Comme d’autres tableaux de Botticelli à sujet mythologique, cette œuvre, qui montre une jeune femme armée d’une hache de guerre et qui veut tirer un centaure par les cheveux, suscite de nombreux doutes quant à son interprétation. D’après ce que l’on peut lire dans les inventaires et les sources littéraires de peu après la création du tableau, la belle et fière figure féminine pourrait être Pallas Athéna (Minerve), déesse de la connaissance, ou Camille, vierge et guerrière, morte au combat pour défendre la patrie, et qui serait également un bel exemple de chasteté.
Le centaure, créature mythique, alliant l’homme et la bête, symbolise les instincts sauvages de l’humanité et l’œuvre doit donc être comprise comme une allégorie des vertus qui agissent comme un frein sur un tempérament colérique et passionné.
Référence et crédit. Le gallerie Uffizi (Florence, Italie)
Le Sagittaire, l’arc et l’archer de ce récit
Le centaure, créature mythique mi-homme, mi-cheval, incarne à la fois la force brute et la sagesse ancestrale. Figure emblématique des légendes, il est souvent représenté armé d’un arc, symbole de précision et de maîtrise. Dans 1265. Le Sagittaire d’Evesham, cette dualité prend tout son sens : entre animalité et humanité, entre instinct et raison, le centaure devient un guerrier redoutable et un archer hors pair.
L’arc, dans son essence, est bien plus qu’une arme : il est le prolongement de l’archer, l’expression d’un art ancestral où chaque flèche raconte une histoire. Le Sagittaire, personnage central de notre récit, ne se contente pas de manier cet instrument avec une habileté presque impossible. Il en fait le symbole de son destin, un lien entre le ciel et la terre, un vecteur de puissance guerrière et d’ambition, mais aussi, à terme, de conscience et de libre-arbitre.
L’archer, enfin, est celui qui sait lire le vent, anticiper le mouvement, sentir la tension de la corde et libérer la flèche au moment exact. Maîtriser l’arc, c’est maîtriser le temps et l’espace, c’est embrasser la fatalité tout en affirmant sa volonté de faire, mais aussi de ne pas faire. Le Sagittaire d’Evesham n’est pas seulement un combattant, il est le porteur d’une quête intuitive, d’un idéal gravé dans le bois et la corde de son arc, comme dans son corps et son esprit mêmes.
Habité d’instinct par l’art du tir à l’arc, notre Sagittaire nourrit une admiration profonde et mystérieuse pour les archers de Galles, célèbres pour leur habileté et leur discipline.
Habité d’instinct par l’art du tir à l’arc, notre Sagittaire nourrit une admiration profonde et mystérieuse pour les archers de Galles, célèbres pour leur habileté et leur discipline. Il étudie leurs techniques, s’inspire de leur précision redoutable et adopte leurs méthodes pour perfectionner son propre tir. Le longbow gallois, avec sa puissance et sa portée impressionnantes, devient un objet quasi sacré, l’instrument même de son être.
À travers 1265. Le Sagittaire d’Evesham, nous plongeons au cœur d’un Moyen Âge à la fois authentique et réinventé, où le centaure archer se découvre en même temps qu’il fait face au jeu des puissants. Un récit épique où l’adresse magique et le mystère de la naissance et du corps se mesurent à l’injustice et au destin.